Je ne sais pas si vous êtes courageuses ou complètement zinzin !
Ce sont les premiers mots que nous dira la propriétaire du gîte en descendant de sa voiture, et les premiers mots par lesquels je voulais commencer cet épisode. Comment nous en sommes arrivées à cette exclamation en guise de présentation, c'est ce que nous verrons dans la premier étape de ce nouvel épisode.
Forte de l’expérience de l’épisode 3, dans lequel on se rend compte que faire le même trajet aller-retour n’est pas très motivant, je fais cette fois en sorte que nous revenions à notre point de départ (la Clio) sans repasser par le même chemin. Je dis « nous », car Maud m’accompagne sur ces trois journées. La GTJ étant linéaire, on peut comprendre qu’une partie de notre parcours ne la suivra pas. Nous emprunterons successivement la GTJ cycliste, la GTJ pédestre (étapes référencées ci-dessous), une variante de la GTJ et une route sans rapport avec le reste.
3 juin : étape 7 : Villers-le-Lac – Le Gardot
L’étape 7 débute en réalité à Morteau, où nous abandonnons pour trois jours la Clio à côté du camping Le Cul de la Lune (le nom méritait d’être mentionné). Nous nous lançons sur la version cycliste de la GTJ afin de rejoindre la GTJ pédestre à Villers-le-Lac, mon point d’arrivée du week-end précédent.
De cette portion de GTJ cycliste, on ne retiendra pas grand-chose, à part qu’elle était très bien balisée mais que les paysages n’étaient pas particulièrement remarquables. La descente sur Villers est un peu compliquée, on se paume dans les impasses des nouveaux lotissements, mais on finit par arriver jusqu’au Doubs (758m d’altitude), et par là-même à « notre » GTJ. On remonte de l’autre côté de Villers, et là, le paysage retrouve tout l’intérêt des étapes précédentes.
Quand on arrive enfin au sommet d’une bonne grimpette (1 195m), on est assez fières de nous :
Vue sur Villers-le-Lac, nous soupçonnons Morteau au fond à gauche
Nous poursuivons sur la crête. Des bornes nous rappellent très régulièrement que nous marchons sur la frontière franco-suisse. Il commence à pleuvoir, mais sous les arbres, on est relativement à l’abri. Et puis on a de la chance : météofrance prévoyait orages et même risques de grêle, même qu’on hésitait à annuler la rando. Finalement, on a bien fait de maintenir : à part cette petite pluie de fin d’après-m, on a marché au sec. Je dis « fin d’après-m », mais en réalité, on est déjà en début de soirée. On est parties un peu plus tard que prévu (hésitation sur la météo oblige) et on n’a pas avancé aussi vite que voulu. Il faut dire aussi que, week-end + lundi férié, on a préféré assurer le coup avec les réserves de nourriture, on se trimballe donc avec trois jours de bouffe dans les sacs, et c’est un peu lourd. Au point que j’ai laissé mon livre en cours de lecture à la maison parce qu’il était en grand format. A la place, j’ai embarqué un poche, Totem et Tabou, de Freud, en me disant que depuis le temps que je l’ai, ça me permettra peut-être d’avancer de 3-4 pages.
Toujours est-il que nous arrivons au Gardot à 21h14, sous la pluie.
« Je ne sais pas si vous êtes courageuses ou complètement zinzin ! »
« Sûrement un peu les deux », qu’on répond à la propriétaire tandis qu’elle nous ouvre la porte du gîte, un petit chalet rien que pour nous. L’endroit est adorable, la propriétaire aussi : elle a dû avoir pitié de nous, car elle nous amène du pain, du beurre, de la confiture, du lait et du jus d’orange pour le lendemain matin, et nous fait une ristourne sur le prix de la nuitée (qui n'est pas celui indiqué sur internet).
Inutile de dire qu’à cette heure, on fait au plus vite la douche et le repas, l’objectif principal étant de se coucher rapidement. On est tellement fatiguées qu’on rit comme si l’on était bourrées et que l’on organise des conversations entre nos doigts de pieds, mais à part ça, tout va bien, on est contentes de nous !
Bilan journée : 18 km environ, le calcul de la portion sur la GTJ cycliste étant approximatif
Avancée GTJ : 111,8 km
4 juin : étape 8 : Le Gardot – Les Alliés
Le lendemain, c’est la journée GTJ. On quitte notre cocon sous la pluie, mais motivées. Très rapidement, on se retrouve à marcher dans les pâtures et on a les pieds trempés. Le plus frustrant, c’est que ce brouillard-crachin, nous cache le paysage. Quand le topoguide nous dit que nous longeons une corniche, nous sommes obligées de le croire sur parole : on ne voit ni le vide, ni quoi que ce soit d’autre. C’est ainsi que nous passons les Cernoniers et le Vieux-Châteleu. Le brouillard se lève progressivement et un passage sur route permet à nos chaussures trempées d’avoir un peu de répit. Bien sûre elles ne sont pas déjà sèches, mais au moins elles ne font plus « floc floc ».
Et la météo va continuer de s’améliorer, suffisamment en tout cas pour que l’on envisage de s’arrêter manger.
On cherche un abri, un banc, une souche, mais il n’y a pas grand-chose pour se poser dans les environs. Au Nid du Fol, nous arrêtons finalement notre (absence de) choix sur un tas de troncs d’arbres. A côté d’un tas de fumier. Rien ne doit glisser par terre sous peine de devenir complètement dégueu et puant, et les mouches sont nos voisines de table. Nous ne nous attardons pas. Le comique de la situation, c’est que deux kilomètres plus loin, aux Seignes :
On continue notre chemin, pour atterrir de nouveau dans une pâture –et encore, je ne vous les ai pas toutes listées, les pâtures, ce doit être le thème de l’épisode- immense, dans laquelle on se paume. Enfin non, on n’est pas perdues, mais disons que là, au milieu de ce grand pré et des vaches, on n’arrive pas à déterminer par où on doit ressortir !
On tourne bêtement, on explore un peu, et heureusement, des marcheurs faisant le chemin dans le sens inverse débarquent soudainement de la forêt, nous permettant ainsi de retrouver chemin et balisage. Nous nous extirpons de la pâture (ça grimpe !) et débouchons au lieu-dit la Côte du Cerf, avec illustration.
Là nous est proposé un raccourci pour atteindre note gîte d’étape, situé à la Perdrix, c’est-à-dire qu’au lieu d’aller jusqu’aux Alliés pour remonter à la Perdrix (7 km), il y a possibilité d’aller directement à la Perdrix, en 3,5 km. Sur le principe, ça m’ennuie, parce que ça veut dire qu’il y aura une petite portion de GTJ qui n’aura pas été faite. Mais il faut se rendre à l’évidence : on en a plein les pattes, on va faire au plus court. Sauf que pas de chance, le raccourci, on n’en a jamais vu la couleur.
Nous passons le Cernet de Doubs, longeons la frontière, entrons en Suisse sans s’en rendre compte, en ressortons de la même manière et, péniblement, arrivons aux Alliés. L’idée de départ, c’était de s’arrêter dormir au gîte d’étape communal des Alliés, mais pas de chance, il était entièrement loué par un groupe de cyclistes. C’est pourquoi il nous faut quitter la GTJ et gagner le hameau de la Perdrix, à 2 kilomètres de là, où se trouve le gîte d’étape du Haut Saugeais Blanc avec deux lits réservés pour nous. Ces 2 kilomètres nous paraissent très longs parce qu’on est fatiguées, mais en vrai, ils sont très agréables, avec toujours des pâtures, des vaches, le son des cloches, et même du soleil !
Le hameau que nous découvrons au détour du dernier virage de la journée, le hameau de la Perdrix donc, se résume au gîte d’étape du Haut Saugeais Blanc, au gîte d’étape auberge la Perdrix et… aux vaches. Il y a du monde à l’auberge, mais personne au Haut Saugeais Blanc. Nous avons à notre disposition 3 dortoirs, plusieurs douches et l’équivalent d’une petite salle des fêtes avec cuisine pour nous toutes seules et pour la modique somme de 10€.
Bilan journée : 20 km
Avancée GTJ : 131,8 km
5 juin : étape variante
C’est le dernier jour de ce week-end de Pentecôte. Il nous faut regagner la Clio, puis rentrer à la maison. Mais avant, une grosse journée nous attend.
L’idée est d’attraper la variante du GR5 qui fait Les Vions (près de Villers le Lac) – Morteau – Les Alliés. Afin de réduire au maximum le trajet, nous suivons la route, passons par le Mont d’Hauterive et descendons jusqu’au Doubs. C’est un loupé, il ne fallait pas descendre jusque-là. Cela nous raccourcit toujours plus que si nous avions suivi la variante dès le départ, mais cela nous oblige aussi à continuer par la route, une départementale avec pas mal de circulation et pas de place sur le bas-côté. Bref, la loose, la journée commence mal. Quoique… il ne pleut pas. Vous allez finir par trouver que ces épisodes relèvent plus du bulletin météo que du récit de randonnée, mais n’empêche que quand on est toute la journée à l’extérieur, une des choses qui nous importent le plus, c’est le temps.
Nous rejoignons la variante à Montbenoît et à partir de là, nous n’aurons plus de problème d’itinéraire. D’après le Topoguide, il y a possibilité de faire des courses à Montbenoît. C’est peut-être vrai le reste du temps, mais pas le lundi de Pentecôte. Nous avons ce qu’il faut pour manger ce midi, mais on aurait bien agrémenté le pique-nique de produits frais, pain et fruits. Tant pis. Nous passons devant l’abbaye, jolie, qui donne envie de découvrir l’intérieur. Mais nous n’avons guère le temps pour une visite et poursuivons notre chemin.
Nous suivons une ancienne voie ferrée, transformée en véloroute, qu’il nous faut partager avec les cyclistes et… les vaches (omniprésentes).
C’est avec une joie immense que nous nous arrêtons à une petite aire de pique-nique avec table et bancs pour manger. No fumier, no mouches, et il fait beau. Par la suite, il fera même chaud.
Nous passons le lieu-dit les Auberges, qui porte mal son nom, et arrivons à la Combe d’Abondance, qui ne porte guère mieux le sien. Là, gros dilemme. Maud, blessée depuis la veille mais qui a malgré tout enchaîné les kilomètres, espérait pouvoir se poser quelque part à la Combe d’A. pendant que je ferais les derniers kilomètres (6, pour être tout à fait approximative) pour aller chercher la Clio. Sauf que, manque de concentration, on ne voit ni l’auberge, ni le gîte d’étape prévus. Il n’y a nulle part où Maud pourrait tranquillement poireauter 1h30. Elle propose que l’on continue en tentant le stop. Ce que nous faisons. Nous quittons la variante de façon à pouvoir rester sur la route (et aussi parce que, de toute façon, c’était plus court par là). Il y a (très) peu de passage, mais finalement, la chance nous sourit au bout de 2 kilomètres et mêmes pas une dizaine de voitures. Une jeune femme s’arrête et accepte de nous embarquer, en plus, elle passe juste devant le Cul de la Lune. On ne vous le cache pas : on n’aurait pas fait une heure de route avec elle, ou alors en prévoyant des sacs à vomi et quelques crises de panique. Mais on était tellement contentes de finir le chemin en voiture qu’elle aurait pu conduire avec les pieds, on l’aurait adorée quand même. En plus, elle était très sympa.
La Clio est toujours là, trois jours plus tard. Nous sommes bien heureuses de la retrouver et de changer de chaussures. Ensuite nous rentrons sur Dijon. Après trois jours passés dans les pâtures, à croiser plus de vaches que d’humains et de tracteurs que de voitures, le retour en ville est rude. Limite angoissant. Mais on bosse demain alors…
Bilan journée : 17,5 km
Bilan épisode : 55,5 km
Avancée sur la GTJ : 131,8 km
L'avancée sur la GTJ se poursuit avec l'épisode 5.